HISTOIRES EXTRAORDINAIRES DE CHATS.
Notez-bien : Il s’agit d’histoires vraies !
Une famille avait quitté Edimbourg pour une autre ville située à cinquante kilomètres de là et à la quelle on ne pouvait parvenir qu’en traversant un bras de mer ou en faisant un long détour sur terre. On ne sut au juste quel chemin avaient suivi les gens pour arriver à leur nouvelle destination.
Cette famille possédait un chat fort choyé et qu’elle voulut emmener avec elle, mais apparemment la bête, apeurée par l’inhabituel brouhaha des préparatifs du départ, se cacha pendant plusieurs jours avant que ses maîtres ne quittassent l’endroit. Et comme ceux-ci, malgré toutes les recherches, ne parvenaient pas à la retrouver, ils se virent dans la nécessité de l’abandonner à son sort.
Ils ne s’étaient jamais attendu à retrouver le chat. Et, cependant, un matin, plusieurs semaines après leur aménagement dans leur nouvelle demeure, ils entendirent des grattements inusités à la porte d’entrée et, ouvrant celle-ci, ils virent à leur stupéfaction que leur chat se trouvait là : il se précipita sur chacun d’eux dans un grand élan de joie.
Comment avait-il pu découvrir la route qui menait à la maison ? Avait-il fait la traversée en bateau ou avait-il parcouru une longue distance sur terre, ce qui serait sans doute vraisemblable ? Nul ne le saura jamais.
Dans un ouvrage célèbre, le professeur Joseph Banks Rhine, directeur général de parapsychologie des U.S.A. à la Duke University, rapporte l’aventure exceptionnelle d’un matou qui, parti d’une bourgade de Californie, avait parcouru l’effarante distance de deux mille quatre cents kilomètres en moins de huit mois pour aller retrouver ses maîtres, émigrés à l’autre extrémité du continent américain, dans l’Oklahoma.
Il est plus que certain que la bête n’eut pas recours à quelque transport sur route ou sur rail, en s’y dissimulant, et elle dût , au contraire, fuir instinctivement tout moyen de locomotion dont la vitesse eût risqué de lui faire perdre le fil conducteur qu’elle suivait, un fil invisible...
Quel est ce fil ? La bête possède-t-elle un pouvoir occulte, dont le siège et les limites demeurent énigmatique ? Toujours est-il que le fait est là, d’autant plus troublant que le chat, abandonné volontairement par ses maîtres, ne connaissait pas l’Oklahoma et a franchi cette distance considérable pour aller à leur recherche dans l’inconnu, un inconnu dont il possédait sans doutes les clés.
On a voulu voir dans cette stupéfiante prouesse un phénomène de télépathie, de clairvoyance ou de prémonitions que récusent bien entendu, les savants parce que les circonstances qui le conditionnent se présentent sous un autre éclairage que dans les domaines qu’ils ont l’habitude d’étudier. Mais encore une fois, il y a autre chose, l’autre côté des choses, la face voilée du monde...
En tout cas , il reste que les Wood, les maîtres de tommy, le matou qu’ils avaient abandonné, se reposant un jour dans leur jardin, entendirent son miaulement familier. C’était bien lui et pas un autre, car le félin avait une malformation à la patte ainsi qu’une cicatrice qu’ils reconnurent, de même qu’ils reconnurent sa fourrure jaune. D’ailleurs l’enquête minutieuse menée par le professeur Joseph Bansk Rhine avait rétabli toutes les circonstances qui entourèrent la fuite du chat grâce à des témoignages qui n’avaient rien de sentimental.
On sait qu’en Belgique on fait voler des pigeons et que des paris sont engagés sur l’oiseau qui, le premier , revient à un but déterminé.
Or, un paysan paria que douze pigeons transportés à dix kilomètres de distance ne seraient pas rentrés à leur colombier avant que sont chat, lâché au même endroit, eût regagné son logis.
Le chat a la vue courte ; il aime la vie sédentaire ; s’il buissonne, c’est dans un lieu sec et semé d’herbe ; l’eau et la boue lui répugnent, et tout ce qui est inconnu lui inspire une grande terreur.
Le pigeon, planant dans les airs, échappe à ces dangers. Voler au loin appartient à sa nature : la mort seule l’empêche de revenir à son colombier.
C’est pour cela que l’on se moqua du paysan ; en effet, dans le parcours décidé, un point reliait deux rives et il semblait impossible que le flair du chat ne fût mis en défaut par la présence du cours d’eau.
Le chat cependant triompha de ses douze adversaires et revint au logis avant les pigeons ; il rapporta une grosse somme à son maître grâce au paris.
La Société Protectrice des Animaux de Marseille faisait paraître en 1955, dans l’un des quotidiens de la région, la note suivante :
«Une très vieille fermière, habitant un hameau perdu dans les collines bordant la rive droite du Rhône, à quatre kilomètres du fleuve, avait adopté pour lui tenir compagnie une chatte aveugle qu’elle choyait de son mieux. Se sentant malade, elle eut peur qu’après sa mort la pauvre bête ne puisse plus subvenir à ses besoins et qu’elle soit éliminée par des parents moins sensible... Elle demanda donc à ses enfants de transporter l’animal chez une de ses amies, habitant de l’autre côté du Rhône, à vingt-cinq kilomètres de là.
La chatte fut mise dans un panier, le panier enfermé dans le coffre de la voiture et le voyage s’accomplit.
On était en hiver, assez rigoureux dans cette région proche de Lyon, et il n’y a sur le Rhône qu’un seul pont pour vingt kilomètres de vallée.
Cependant, quinze jours plus tard, des miaulements plaintifs se faisaient entendre sous la fenêtre de la vieille fermière. La chatte était là, crottée jusqu’aux yeux, les pattes en sang, blessée par les buissons, à demi-morte de faim, mais elle était arrivée.
Il est bien difficile de comprendre l’effort qu’avait dû accomplir cette bête aveugle, la recherche de l’unique passage du pont possible sur le fleuve, cette randonnée invraisemblable à travers des collines broussailleuses, pratiquement sans possibilité de se nourrir en cours de route pour rejoindre son logis.
Sans doute, la nature a-t-elle conservé aux animaux même domestiques depuis des millénaires certaines facultés que la civilisation a fait progressivement perdre aux hommes.
Peut-être pourtant, en dehors de la difficulté matérielle, est-il encore plus malaisé quand on considère le comportement des humains- civilisés, ô combien ! - d’apprécier la puissance du sentiment qui a poussé la chatte, cependant choyée dans son nouveau foyer, à tenter une telle aventure pour retrouver son toit et les présences familières. Il est si simple de se laisser vivre ! »
Un curé de campagne fut un jour nommé dans une cure de la petite ville voisine , à cinq kilomètres de l’ancienne paroisse.
Son « personnel » se composait jusque-là d’une vieille servante, d’un corbeau et d’un chat. Le chat était quelque peu voleur ; le corbeau taquin, le picotait sans cesse de son bec ; la vieille servante criait après l’un, après l’autre, et le curé s’intéressait énormément aux querelles de ce petit monde.
Le lendemain de l’emménagement à la ville, le chat disparut. Avec inquiétude, le corbeau sautilla dans tous les coins de la cour, à la recherche de son compagnon.
Quand à la vieille servante, elle semblait regretter qu’aucun morceau de viande ne lui fût enlevé par le chat, et le curé craignait que cette tristesse, se retournant contre lui, ne lui fît subir l’avalanche de récriminations habituellement réservées à l’animal perdu.
Quelques jours plus tard, un des anciens paroissiens du curé lui vint rendre visite et lui demanda si c’était à dessein qu’il avait laissé son chat au village, car on le voyait qui miaulait aux portes du presbytère. Le paysan l’eût certainement rapporté à son maître s’il n’avait cru que celui-ci voulait s’en débarrasser.
Maître et servante ayant vivement protesté contre cette accusation, le chat fut ramené pour leur plus grande joie ; mais l’animal disparut encore une fois sans s’inquiéter des sentiments d’affection qu’il inspirait.
De nouveau le curé fut avisé que son successeur se plaignait des gémissements du chat, lequel errait dans le jardin et sur les murs du presbytère qu’il refusait d’abandonner.
Une seconde fois, l’animal fut ramené de la ville. Parti depuis huit jours, il semblait ne pas avoir mangé et faisait piteuse figure. La vieille servante le combla de soins et de prévenances, mais rien ne put retenir le chat ; l’ancien foyer parlait à ses souvenirs. Il portait aux murs du précédent presbytère l’attachement des personnes âgées qui ne survivent plus à un déracinement.
On appris que l’entêté animal poussait des miaulement déchirants qui alarmaient le village et on craignait que pour s’en débarrasse, un paysan ne lui envoyât un coup de fusil.
La vieille servante finit par lui appliquer un remède quelque peu brutal, mais qui sembla réussir. S’étant emparée de l’animal, elle l’introduisit dans un sac et trempa sac et chat dans une mare, après quoi le matou fut ramené à la nouvelle cure, irrité et terrorisé.
Ainsi se terminèrent ses escapades !
( Quatre témoignages authentiques recueillis ou repris d’autres publications par Monsieur Elian-J. FIMBERT
« Les plus belles histoires de chats » « Librairie Arthème Fayard » 1958.
Livre disponible à la réserve centrale des bibliothèques de la Ville de Paris.)
(Les livres de Elian-J. Finbert grand Ami des bêtes et Naturaliste de haute qualité constituent de vrais trésors. On peut peut-être les trouver d’occasion. L’idéal cependant serait qu’ils soient rééditées dans des collections du genre Bouquin ou Omnibus.)