L’Ortie : mauvaise herbe ou plante aux multiples vertus ?
Chers Amis : Quel est votre opinion sur l’Ortie ? D’une manière générale le promeneur moyen (tel que moi) considère l’ortie comme la mauvaise herbe par excellence. L’idée nous viendrait comme d’une chose utile de détruire sans état d’âme les étendues impénétrables où se développe cette plante au bord des ruisseaux. Après tout cette plante semble une nuisance à tout égard !
Récemment j’ai connu une expérience intéressante du genre de petite aventure périlleuse que l’on se crée parfois. Au Bois d’Oingt, pays des pierres dorées en Beaujolais coule un petit ruisseau appelé le Nizy. Ce n’est même pas un torrent de montagne, simplement un petit ruisseau de dénivelé moyen. J’ai beaucoup lu sur l’Amérique du Sud et je crois pouvoir dire que j’ai une idée assez précise sur ce qu’est la jungle impénétrable. Dans cette région du Beaujolais, les parties naturelles qui ont été laissées à l’abandon de longue date et qui enserrent le lit d’un ruisseau sont tout aussi impénétrables que la jungle la plus inextricable. Certains arbustes ont de puissantes épines, les ronces sont innombrables, la végétation se trouve totalement enchevêtrée. La seule différence avec la jungle amazonienne c’est que ici nous ne disposons pas de la machette pour nous frayer un chemin et progresser.
J’avais demandé aux enfants de remonter le lit de ce ruisseau depuis un petit pont. « C’est une aventure, cela vous laissera un souvenir ! » leur avais-je déclaré. « Ce n’est plus de mon age ! » pensai-je en moi-même. « Je vous attendrai, à l’ancien moulin ruiné, à 500 mètres. » Avais-je ajouté. Je les laisse donc au petit pont, et je me prépare à rejoindre l’ « ancien moulin ruiné ». Pour ce faire je longe le ruisseau Nizy par l’ancienne ligne du vieux tacot reconvertie en chemin de randonnée.
Seulement voila : Les doutes m’assaillent, l’inquiétude me gagne. Et si le cours du Nizi était impénétrable, et si les enfants s’y trouvaient bloqués ! « Ils s’en sortent toujours ! » Me rassurai-je ! Euh... Enfin... Je suis un perpétuel anxieux... Du coup, je cache « arme et bagage » dans des buissons, je descends une prairie et bientôt je suis à la hauteur du lit du ruisseau Nizi. C’est magnifique : une foret de prèles, il y en a des centaines et des centaines dans les rayons rasants de la fin du jour. J’aime les prèles, on n’en voit pas si souvent, et ici c’est un site botanique splendide. Cette plante qui remonte aux origines de la création végétale, présente un feuillage léger, un vert tendre. Vu au soleil c’est d’une grande beauté.
Me voila donc descendant le ruisseau Nizi. C’est un petit ruisseau, mais je suis bientôt surpris par le courant et par les trous d’eau. Ma démarche devient difficile. Je ne suis pas si souple à mon age, et j’ai gardé mon appareil photo que je ne veux en aucun cas mouiller. Le cours d’eau est isolé de tout. De chaque côté c’est une muraille de ronces et d’orties. Une retraite semble impossible. Des barbelés au ras de l’eau augmentent encore les difficultés, et le courant n’est pas si anodin qu’il n’y parait. J’appelle les enfants : aucune réponse. Je me dis : « Je m’en sors toujours ! » « Allons de l’avant ! » En fait je trouve cette aventure passionnante quoique l’issue pour moi me semble quelque peu incertaine.
Le cours d’eau est étonnant : l’eau passe entre deux troncs de grands arbres et forme une cascade. Je m’accroche à des branches mortes qui se cassent sous mon poids. Je perds mes chaussures sans cesse. Je glisse. Je suis dans l’eau jusqu’à la taille puis jusqu’à la poitrine. Les enfants ne répondent toujours pas. Je dois me pencher au ras de l’eau pour me glisser sous des voûtes de ronces, et à chaque instant arracher mes vêtements à leur emprise.
A gauche la foret se fait moins dense. « Il y a là une prairie. » Pensai-je. « Je devrai la rejoindre ! » Petit problème je suis en short, et il y a là 15 ou 20 mètres de champs d’orties haut de plus d’un mètre. A cet endroit je tombe sur une jungle impénétrable de ronce qui barre toute la largeur du ruisseau Nizi. Impossible d’avancer. L’instrument essentiel est manquant : c’est la machette. Je suis bloqué. A dire vraie je trouve l’aventure suffisante pour cette journée. Je n’ai pas le choix : je vais devoir traverser ce champs d’ortie. Pas très rigolo comme perspective, mais « tant qu’à faire : Allons-y ! » Ca ne sert à rien de tergiverser. Et c’est ainsi que je me suis fait piqué par des milliers de piqûres d’ortie ! Mes « Aille ! Ouille ! Aille Aille ! » n’y ont rien changé !
J’ai retrouvé une prairie fraîchement fauchée et fanée, et encore plus loin en longeant le ruisseau Nizi, j’ai retrouvé les enfants bloqués dans les ronces et les orties. De plus ils avaient pénétré sur la propriété d’un pêcheur qui péchait tout près dans son étang. Je craignais cet homme irascible. Le Nizi à cet endroit s’enfilait dans un fossé boueux profond de 2 mètres 50. J’ai eu les plus grandes difficultés à les sortir de là. Adely avait perdu sa chaussure enfoui dans 60 centimètres de boue.
« Satisfaits » par notre aventure qui effectivement nous laissera quelques souvenirs, nous avons abandonné cette périlleuse expédition. Nous étions complètement boueux, couverts d’égratignures de ronce, et de piqûres d’ortie. Une aventure intéressante mais plutôt cuisante.
Je peux donc vous parler, mes chers amis végétaliseurs, en toute connaissance de cause, de ce que c’est que d’être couvert de piqûres d’ortie. Les sensations sont intéressantes. C’est comme si les jambes étaient parcourues sans aucune discontinuité par une ou plusieurs fourmilières en incessante activité. C’est assez « cuisant » ! Surtout ça dure ! Un bain brûlant à la maison n’y a rien changé, de même que l’idée de me faire une friction au vinaigre d’alcool. J’étais inquiet : « Vais-je réussir à dormir cette nuit ? » En même temps je me disais : « J’ai lu autrefois que les piqûres d’orties était un excellent traitement contre les rhumatismes : peut être n’aurais-je plus jamais de rhumatismes ! » Je me disais cela en me frottant les jambes. C’est une sensation que je qualifierai de « tonique » et « vivifiante ».
Enfin lorsque j’ai réussi à m’endormir, j’ai bien dormi, et le lendemain ces brûlures avaient disparues.
De retour à Paris j’ai fait quelques recherches sur l’Ortie, et effectivement c’est un végétal passionnant dont les multiples vertus autrefois bien connues sont maintenant bien oubliées.
Les Bonnes vieilles recettes concernant l’Ortie.Du Docteur Jean Valnet.(Phytothérapie, traitement des maladies par les plantes Maloine S.A Editeur © 1976.)Ce gros volume de 852 pages constitue une sorte de bible qui fait la somme des prescriptions thérapeutiques présentes et passées concernant chaque plante. C’est aussi une anthologie des « médecines de bonnes femmes des temps passés ». Les ouvrages du docteur Valnet font autorité, du fait de la grande expérience de ce praticien, qui ne l’oublions pas s’est servit de la phytothérapie en tant que médecin militaire en Indochine, et cela avec succès.Usage interne :-Infusion de feuilles et racines : 50 g pour 1 litre d’eau. Bouillir 2 à 3 minutes. Infuser 20 minutes. Boire à volonté
(antirhumatismal, dépuratif, diarrhées...)
-Suc fraîchement exprimé : 100 à 125 g par jour, en 3 fois.
(hémostatique (arrête les hémorragies), vasoconstricteur (qui resserre les vaisseaux))
-Extrait fluide, (liquide obtenu en traitant une drogue par plusieurs fois son poids d’eau ou d’alcool et en l’évaporant jusqu’à ce que son poids soit celui de la drogue utilisée) : 2 à 4 cuillerées à café par jour.
-Décoction de racine coupée ou de plante entière : une poignée (50 g) pour 1 litre d’eau. Bouillir 10 minutes. A prendre en 48 heures, entre les repas.
(rhumatismes)
-Sirop d’ortie : 30 à 60 g par jour (250 g de suc = 250 g de sucre. Cuire à consistance de sirop)
-La racine ou plante entière : indiquée dans les affections du tube digestif et de l’appareil respiratoire, (décoction d’un mélange de racines d’orties, de plantain, de genièvre, de thym). Boire chaud, plusieurs fois par jour (1 à 2 gorgées à chaque fois).
-Contre l’énurésie (incontinence d’urine) : 15 g de semences pilées + 60 gt de farine de seigle. Faire une pâte avec de l’eau et du miel. Confectionner 6 gâteaux que l’on cuira au four. Un gâteau chaque soir pendant 15 à 20 jours.
Usage externe :-Les racines : bouillies dans du vinaigre : tonique du cuir chevelu.
-Macération avec :
racine d’ortie........50 g
romarin.................50 g
eau de vie..............1 litre
en friction du cuir chevelu (active la pousse des cheveux)
-feuilles et racines d’ortie + racine de bardane + thym : en décoction contre la chute des cheveux.
-Une poignée de plante entière pour 1/2 litre d’eau. Bouillir 30 minutes. En gargarisme, lavage de bouche contre : aphtes, infection buco-pharyngées.
Autres :- L’ortie est également un aliment : les jeunes feuilles sont revitalisantes : mélanger des feuilles finement coupées dans la salade, les crudités.
-Les utiliser dans les potages.
-Les préparer comme des épinards.
De Suzanne Robert :
Les plantes de santé de Suzanne Robert, Les presses du Languedoc ©1990. Madame Robert est l’une des dernières personnes à avoir passé son diplôme d’herboriste en 1939. Le diplôme d’herboriste a été supprimé en 1941, et jamais rétabli depuis. Madame Robert a eu un certain succès dans les années 1970 1980 avec ses émissions à la radio et à la télévision consacrées aux plantes et se soigner par les plantes.« Que de souvenirs brûlants la grande ortie a laissés sur la peau des enfants ! Est-ce pour cela que les cantonniers de villages s’acharnent à détruire à grand renfort de désherbant, cette herbe estimée depuis des siècles ? Oui car dans les traditions populaires se sont maintenues de nombreuses recettes liées à cette plante très riche en chlorophylle.
-Un cicatrisant, par exemple, obtenu avec des orties fraîches macérées dans de l’alcool à 90° exposées au soleil huit à dix jours.
-Pour un genou perclus de rhumatismes, il suffit de frotter la partie douloureuse avec une poignée d’orties fraîches.
-Le jus d’orties en friction sur le cuir chevelu fait repousser les cheveux.
-Il arrête aussi les saignements de nez.
-Contre les piqûres d’insectes, se frotter bras et jambes avec des froissures d’orties supprime douleur et gonflement occasionnés par le venin.
-Consommer en soupe l’ortie très jeune, ou en « bourbouillade » comme les épinards fait beaucoup de bien aux anémique, et la cuisson détruit le pouvoir urticant des feuilles.
-Les jardiniers, quant à eux, ont leur petits secrets dont il font profiter leur potager. Ils savent qu’une poignée d’orties sous chaque plant de tomates le rend plus vigoureux.
-Pour détruire les pucerons, ils pulvérisent leur légume avec un purin d’orties additionné d’eau en quantité égale.
De Gérard Debuigne & François Couplan Petit Larousse des Plantes qui guérissent ©Larousse 2006 Je recommande cet ouvrage d’un format commode, et d’une présentation particulièrement simple et didactique. -Les frictions et flagellations avec une poignée d’ortie constituent de vieux remèdes préconisés contre les douleurs rhumatismales : ces procédés héroïques ne semblent plus guère prisés de nos jours, quoiqu’une étude clinique récente en ait démontré le bien fondé.
-Lotion capillaire : Hacher 100 g de feuilles, de fleurs et de semences fraîches de capucine avec 100 g de feuilles fraîches d’ortie et 100 g de feuilles fraîches de buis. Faire macérer 15 jours dans 0.5 litre d’alcool à 90 % vol. Passer et parfumer à l’essence de géranium. Employer en frictions journalières du cuir chevelu, appliquées avec une brosse dure.
-L’ortie se mange depuis la nuit des temps, crue ou cuite. Très revitalisante par ses extraordinaires vertus nutritionnelles, elle est préférable à l’épinard car elle ne contient pas d’oxalates. On en prépare un beurre parfumé ou un presto, on le mange classiquement en soupe, mais aussi en soufflé ou en quiche. Précisions importante : ne récolter que les jeunes pousses, tout au sommet de la plante, avec les quelques feuilles terminales.
-A noter : Les fibres de la tige ont longtemps servi à fabriquer des cordes, des filets et des tissus, surtout dans le Nord de l’Europe. Dans les « Cygnes Sauvages » d’Andersen, l’héroïne Elisa, doit tisser pour chacun de ses frères transformés en cygnes, une cotte en fil d’ortie. Lorsqu’elle les en revêt, après mainte péripéties, le charme est rompu et ils redeviennent des humains.
-Le « purin d’ortie » obtenu en faisant macérer la plante entière dans de l’eau, est un remarquable accélérateur de croissance des végétaux, fort apprécié des jardiniers.
On consultera avec profit sur ce site culinaire six « recettes sauvages » à base d’ortie.http://cuisinesauvage.blogspot.com/search/label/ortieIl se pourrait que l’ortie devienne le légume « tendance » vous savez ! L’ortie est une plante si abondante qu’il y a peu de risque que l’on n’en manque jamais.
Et voici un site entièrement dédié à l’Ortie ! Consultez-le : vous serez désormais incollable sur le sujet !
http://ortie.free.fr/A propos Savez vous quel est le truc pour cueillir les orties sans se piquer ? Il suffit de porter des gans ! Qui l’eu cru ?
Je vous laisse, chers Amis, et je vous dit : A bientôt !
Article compilé et écrit par Yves Gonnet